Sandrine Billat

Responsable d'Agence chez Eureka Intérim
5 octobre 2023

Juste avant mon cancer, mon conjoint m’a quittée et comme je travaillais pour lui, je me suis retrouvée sans emploi. Trouver du boulot quand tu n’as plus de cheveux, cils ou sourcils, et des rendez-vous pratiquement tous les jours, ce n’est pas compatible. (il faut savoir que le cancer du sein se déclenche souvent, si on a des prédispositions, à la suite d’une rupture ou d’un choc psychologique).

Après mon traitement, le défi était de reprendre un travail à plein temps, sans droit à l’erreur, puisque étant prise en charge par mes assurances invalidité, à partir du moment où je reprenais un emploi, ne serait-ce qu’une journée, je n’avais plus le droit à rien. Mais j’ai réussi ! J’ai tenu bon, je suis restée debout malgré la fatigue et aujourd’hui je suis fière d’être là où je suis.

J’ai eu la chance de croiser la route d’Eureka, qui m’a laissé ma chance, sans savoir que je sortais d’un cancer et que j’étais au fond du trou financièrement (RSA/CMU). Cela a été très dur pour moi de reprendre un emploi à plein temps et d’apprendre tous les processus et autres à cause des effets secondaires du traitement qui ne sont pas que physiques : la mémoire en prend un coup.

Au départ, je n’ai pas voulu en parler, de peur que cela me porte préjudice. Je tentais de cacher ma chambre implantable (boîtier implanté sous la peau pour injecter le traitement) et je m’arrangeais pour que mes rendez-vous de suivi soient en dehors de mes heures de travail.
Ca a été très dur car ça représente 3 ans de ma vie, ça fait partie de moi, je ne peux pas l’occulter. Je ne voulais plus de poste à responsabilités. Je voulais juste retrouver une vie professionnelle mais sans charge mentale car mon corps et ma tête étaient fatigués. Mais quand j’ai vu l’annonce d’Eureka, je savais qu’un tel poste ne se représenterait pas 2 fois et que c’était maintenant qu’il fallait que je remonte à cheval et que je reparte au galop.

Aujourd’hui mon entourage me dit : pour quelqu’un qui ne voulait plus de responsabilités… Belle revanche ! Tu le mérites !

Je commence tout juste à en parler.
Je profite d’octobre Rose pour passer des messages. Si des gens veulent me contacter, avoir des conseils, je serais toujours à leur écoute. 
Je suis devenue une « référente » cancer du sein dans ma vie personnelle (j’aurais préféré pour autre chose !). Les gens viennent me demander des conseils, le protocole, comment ca se passe, ce que j’en pense… donc je peux aussi le faire pour mes collègues, cela n’a jamais été tabou pour moi. Chaque personne et chaque cancer est différent, on ne réagit pas toutes pareil : un cancer identique peut avoir plusieurs protocoles différents car nous ne réagissons pas de la même manière. Rassurer ces personnes est important, je suis debout et tu le seras aussi dans 10 ans !

Les conseils que j’aurais à donner : c’est d’apprendre à vivre avec, ne pas avoir peur du mot cancer, cancéreuse. Garder des objectifs en tête même minimes, des projets, ne pas penser au pire (même si on garde toujours cette option au fond de nous) et continuer à avancer jour après jour, pas après pas et puis surtout écouter son corps et ne pas se sentir coupable si aujourd’hui on ne peut pas. Pour l’entourage, je dirai surtout d’essayer d’ARRÊTER de nous regarder comme si on allait mourir demain, d’être plus angoissé que nous, d’avoir plus peur que nous ! cela ne nous aide pas (en tous ca pour ma part).
 

C’est un très mauvais moment à passer, une parenthèse dans notre vie d’un an, 2 ans, 3 ans… mais qu’une PARENTHÈSE ! Aujourd’hui si c’est pris à temps on s’en sort, d’où l’importance du dépistage et de l’auto-palpation.

 

Quand je regarde en arrière, j’ai envi de me dire: BRAVO ! tu n’as rien lâché, tu es restée debout et tu as fait ce qu’il te semblait le mieux pour toi et tes enfants. Quand l’avenir est incertain, on se demande toujours si on reverra un autre Noël, un autre feu d’artifice, si l’année d’après on sera encore là, alors on profites de chaque instant, ce que je fais encore aujourd’hui. Et oui je suis encore là !!! nous sommes des warriors ! 
Et puis mon fils avait 5 ans et je devais le protéger et dédramatiser tout ça : par exemple mon boitier de chimio ( même s’il savait à quoi ça servait), je lui disait que c’était une boîte à musique et que s’il appuyait dessus je me mettais à chanter. Par contre, il ne voulait plus aller chez le coiffeur de peur qu’on lui rase la tête. Ce n’est pas facile de vivre avec un cancer et de jeunes enfants sans qu’ils angoissent et je ne pense pas qu’on puisse leur dire toute la vérité, en tous cas pour ma part. Donc j’ai opté pour la dérision et rire de mes malheurs c’est aussi ce qui m’a tenu debout.

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