Le 100% Progession, une expérimentation pour accélérer la mobilité sociale

Le 100% Progession, une expérimentation pour accélérer la mobilité sociale

15 juin 2021
Dossier thématique

Dans le cadre de l’ambition collective de construction du “Futur de l’inclusion”, il s’agit de formuler et expérimenter des idées nouvelles qui permettent d’accélérer l’atteinte d’une société vraiment inclusive.

En effet, les défis sont immenses, le monde du travail change rapidement, la simple amplification des solutions actuelles ne suffira pas. Il y a besoin d’innover pour changer en profondeur les règles du jeu de l’inclusion.

 

Notre proposition : le “100 % Progression”

1 En écho au “100% Inclusion” programme ambitieux et innovant du gouvernement pour accélérer le retour à
l’emploi des personnes exclues.”100% Progression” se pense comme une suite cohérente et complémentaire.

Le défi : accélérer la mobilité sociale des travailleurs pauvres

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 Il existe 2 millions de travailleurs pauvres en France, dont un certain nombre sont issus de parcours d’insertion : le futur de l’inclusion c’est aussi la progression sociale !

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Le déterminisme social est implacable. En France, les inégalités sont moindres qu’ailleurs mais l’immobilité sociale supérieure : il faut six générations pour sortir de la pauvreté. Le grand défi français est l’immobilité sociale.

D’après l’étude de l’Institut Sapiens, l’inégalité des chances et le déterminisme social génèrent 10,1 milliards d’euros par an et engendre un manque à gagner de 44 milliards d’euros. Voir ici

« Sans mobilité sociale, quelle serait la légitimité de nos sociétés démocratiques et libérales où le destin d’un individu serait déterminé à la naissance par son origine sociale ? L’égalité devant la loi doit pouvoir se traduire par une réelle égalité des chances et non aboutir à une société de castes informelles. »

Ce déterminisme social touche de plein fouet les travailleurs pauvres, et notamment nombre métiers « hautement utiles » (ceux qui ont permis au pays de tenir et de ne pas s’écrouler) que l’on mal-nomme trop souvent « basse qualification » : infirmières, aides à domicile, auxiliaires de vie, caissières, transporteurs, vigiles, éboueurs… Métiers du lien, du soin et des flux, au service des besoins essentiels : métiers essentiels tout simplement.

Le “100 % Progression” : Principes

Pour lutter contre le déterminisme social, il vaut mieux chercher à armer les personnes pour qu’elles construisent par elles-mêmes le meilleur avenir professionnel possible plutôt que simplement chercher à les insérer vers l’emploi.

En effet, la majorité des emplois de demain n’existe pas ; le CDI devient minoritaire en nouveaux contrats ; les précarités s’accroissent tout comme les trappes à pauvreté et l’enfermement dans les dispositifs d’insertion ; la robotisation crée à court terme plus de chômage, etc.

Dans ce monde menaçant, turbulent et incertain, il est préférable de renforcer les capacités positives de long terme des personnes plutôt que se focaliser uniquement sur les « sorties positives » à court terme.

Le parcours d’accélération sociale 100 % Progression vise ainsi à ne plus attendre 6 générations pour progresser socialement, surtout quand on exerce un métier vital pour la société. Retrouvons le sens des responsabilités : c’est le devoir de la société que de rendre possibles ces parcours d’émancipation.

Ce parcours sur-mesure mobilisera, au cas par cas, en fonction des besoins des personnes, tout ou partie des 10 leviers clés suivants, chacun représentant symboliquement 10% de la réussite de la progression… :

  1. Approfondissement de la connaissance de soi
  2. Approfondissement de la connaissance du monde, des métiers, des opportunités
  3. Accroissement de la motivation et de la confiance
  4. Expériences « extraordinaires » : sorties culturelles, pratiques sportives, visites insolites, voyages…
  5. Opportunités de rencontres à forte valeur ajoutée, qui peuvent avoir un impact décisif (mentorat, compagnonnage, masterclass…)
  6. Acquisition compétences techniques et « soft skills »
  7. Acquisition de certifications et diplômes
  8. Bien-être de ses proches (conjoint.e, enfants)
  9. Renforcement de la sécurité financière et/ou capacité à dégager du temps
  10. Et aussi, disons-le, un peu de chance ! 

Le 100% Progression doit ainsi permettre de développer les capacités positives (vs sorties positives) des personnes :

Confiance en soi et en les autres, pour lever l’auto-censure et se projeter positivement vers l’avenir

Capital social et culturel, pour développer la connaissance et l’accès aux opportunités

La faculté de « naviguer » de manière efficace et autonome pour pouvoir accèder aux opportunités sociales proposées par l’Etat Français (formations, aides, expertises, etc.) souvent nombreuses, difficilement lisibles et sous-utilisées (ex du CPF)…

L’expérimentation : 1ères hypothèses 

1. Cibles

Coeur de cible, des personnes :

  • qui travaillent, sont sorties du parcours « insertion » / « retour à l’emploi »
  • autour du SMIC et/ou d’un 1,5 SMIC (seuil de revenu décent calculé par l’Onpes)
  • « insatisfaites » de leur situation (conditions et contenu du travail, salaire…) et/ou ont envie d’aller plus loin (reconversion, changer de job, reconversion, projet entrepreneurial…)

Mais qui faute de temps, de réseau, de compétences, de confiance ou de motivation / énergie n’y parviennent pas

Pour les identifier et les mobiliser :

  • Anciens salariés d’insertion en poste dans des entreprises “classiques”
  • Bénéficiaires des PIC “100% Inclusion”.
  • En lien avec les fédérations sectorielles concernées, travailleur(e)s des filières « métiers utiles » tels qu’identifiés par le gouvernement. Le gouvernement a en effet lancé une mission pour améliorer la situation des « travailleurs de la 2ème ligne ».

Une douzaine de secteurs ont été retenus, parmi lesquels la vente, la logistique, le gardiennage, la propreté, l’aide à domicile, le bâtiment, l’agriculture ou encore les transports.

Nombre de personnes ciblées

10 personnes dès cet été : l’idée est de démarrer dès que possible, pour apprendre en accompagnant
20 personnes avant fin d’année
100 personnes en 2022
1000 personnes dans 5 ans.

Territoires pilotes

Marseille Provence
Bourgogne-Franche-Comté

Partenaires pressentis

  • Acteurs de l’inclusion partenaires du « Futur de l’inclusion »
  • Opérateurs de “briques” utiles au parcours d’accélération sociale et/ou susceptible d’apporter des opportunités aux personnes (capitaliser l’existant)
  • Fédérations des secteurs concernés : Propreté, Déchets, Transports, etc.
  • Spécialistes de l’évaluation des innovations sociales
  • Fondations et investisseurs solidaires
  • Collectivités locales
  • VVF / Vacances apprenantes
  • Etat, Haut Commissariat à l’emploi et à l’inclusion sociale

    2. Calendrier

    Mai-juillet 2021

    Construction détaillée de l’expérimentation du parcours / financement

    Automne 2021

    Démarrage à petite échelle avec 10 premiers bénéficiaires motivés

    Semestre 1 – 2022

    Formalisation d’une expérimentation à plus grande échelle. Bâtir le programme projet global de manière détaillée : budget, contenu détaillé, ingénierie, équipe, calendrier, livrables, mesure d’impact, partenaires, etc.

    “On aura réussi si…”

    Objectifs de l’expérimentation

    L’enjeu de cette expérimentation est double :

    1. Faire la preuve que “100%Progression” est à la fois efficace globalement rentable :

    Efficace : qu’il produit un changement notable dans la vie des bénéficiaires, notamment en terme de progression sociale.

    Rentable : coût global du dispositif < richesses créées + coûts évités (coûts du chômage, de la précarité, du déterminisme social, niveau de revenu post-parcours, etc.)

    Montrer qu’il peut être un investissement socialement rentable et donc qui peut être étendu à grande échelle.

    2. Poser les bases de « l’inclusion d’après » qui peut se nourrir en effet de ce mix

     

    Innovant 

    « apport financier sur mesure + parcours d’accélération sociale »

    De plus, expérimenter avec une cible de « travailleurs pauvres » est aussi intéressant pour nourrir le futur de l’inclusion, car aujourd’hui l’insertion se heurte beaucoup au « plafond de verre » du travail pauvre : l’impact de l’insertion par l’activité économique est déjà très important !

    On réussit à insérer mais sur des métiers qui ne sont parfois pas assez rémunérés et qui ne permettent pas forcément de progression sociale rapide. Il y a besoin d’inventer de nouveaux outils et une nouvelle sémantique.

    Cette expérimentation peut y contribuer.

    Contact

    Tarik Ghezali,
    Administrateur La Varappe,
    référent “Futur de l’inclusion”

    tarik@lafabriquedunous.fr